Stéphane Detaille, "Le pittoresque outil d'Amougies ne broyait plus que du noir depuis vingt ans. Le moulin fleure à nouveau la farine...", Le Soir, 12.08.1996. Réhabilité, après vingt ans de léthargie, par le fils du meunier, il reprendra bientôt du service pour le seul plaisir des nostalgiques... Cela faisait vingt ans que les engrenages du moulin Saint-Pierre, à Amougies (Mont-de-l'Enclus), n'avaient plus marmonné entre leurs dents. Comme dans un conte de Daudet, les grandes minoteries avaient fini par leur ôter le pain de la bouche, condamnant les cylindres à ne plus broyer que du noir en attendant leur probable démantèlement. Et sans doute sa besogneuse histoire aurait-elle fini ainsi, en cul-de-sac, si Marc Maes, le fils du dernier meunier d'Amougies, n'avait résolu un jour de sortir le moulin nécrosé de son sommeil de plomb. Désossée, vérifiée, requinquée, lubrifiée, toute la machinerie a fini par s'ébrouer puis par tourner rond; le 18 août prochain (1), elle se videra les tripes pour réduire en farine son premier quintal de grains. Le début d'une nouvelle vie puisque après toutes ces années d'abstinence, le moulin d'Amougies devrait bientôt reprendre du service à temps partiel - une mouture par dimanche - pour le seul plaisir de ceux qui l'honoreront d'une visite. A l'électricité Qu'elle soit mue par un moteur électrique - un ancêtre dont le fonctionnement abscons suscite encore la perplexité des spécialistes - n'enlève rien à la poésie barbare de la machine ; une merveille monumentale dont les organes, tantôt nus et luisants, tantôt tapis dans un bel habillage de pitchpin, occupent les deux étages du moulin. Un savant enchevêtrement d'axes, d'engrenages, de poulies et de courroies qui, une fois la machine en branle, commandent la ronde cybernétique des chaînes à godets, des vis sans fin ou du «plansichter »: le blutoir mécanique dont le jeu de tamis toujours plus fins - les plus ténus étaient en soie naturelle - pouvaient alpaguer les plus insignifiantes particules de son. L'installation date des années 1940: un investissement de longue haleine - au total, près d'un million de francs de l'époque, souligne Marc Maes - puisqu'il s'acheva en 1951 par la mise en service de la machine à cylindre. Le moulin, lui, a toujours été là: au XVIe siècle, «le tordoir de St-Pierre» faisait déjà partie du patrimoine des Mont-morency. Ce fut, jusqu'avant la dernière guerre, un moulin hydraulique dont la roue à aubes fustigeait les eaux de la Rhosnes : ses meules tournaient encore, en 1951, quand le meunier les abandonna après avoir tenté vainement d'obtenir le classement de l'ancienne installation. Quelques années plus tard, la rectification de la Rhosnes sonnait définitivement le glas du moulin à eau comme la retraite du meunier, vingt ans plus tard, aurait dû condamner, l'actuel moulin à cylindres sans la piété filiale de l'un de ses héritiers. Tourisme rural En 1991, Marc Maes rachetait la maison où son aïeul s'était installé au lendemain de la première guerre mondiale. D'emblée, il allait s'employer à restaurer le domaine. Son idée? Recréer ici, au pied du Mont-de-l'Enclus, un cadre totalement dévolu au tourisme rural: un projet auquel il a fini par se consacrer à plein temps, aménageant successivement un gîte d'étape, une ferme pour enfants, une petite taverne, un jardin de plantes médicinales, une mare à batraciens et un verger où fructifieront bientôt d'anciennes variétés d'arbres fruitiers. La réhabilitation du moulin à cylindres, menée cet été avec l'aide enthousiaste d'un chantier international, ouvre évidemment de nouvelles perspectives à la «Ferme du moulin St-Pierre»: il est notamment question, désormais, de remettre en service le vieux four à pain, histoire de transformer sur place la farine-maison. Juste quelques fournées hebdomadaires pour l'édification du visiteur: Du pain complet tout le temps que prendra la restauration des tamis du blutoir, annonce le maître de céans qui se demande aujourd'hui s'il ne va pas relancer la culture d'anciennes céréales pour alimenter son moulin de grains d'époque... (1) Réouverture du moulin St-Pierre, à Amougies, le dimanche 18 août, à 15 heures. Barbecue (Réservations obligatoires), animations diverses. Adresse: Ferme du moulin St-Pierre, rue St-Pierre, 18A, Amougies (Mont-de-l'Enclus). Tél. 069-76.93.14.
Literatuur
Archieven Stadsarchief Gent, Peningkohieren van Amengijs (Amougies), 1571, f° 12 r°.
Werken Ph. Duponcheel, "Les moulins des Montmorency", in: Cercle d'Histoire locale Mont de l'Enclus, n° 7, décembre 1986, p. 20-22. Julien Th. Vandeputte, "De molens van het arrondissement Oudenaarde uit hun geschiedenis", Oudenaarde, 1974, p. 176-177. Philippe Dupanchel, "Le moulin Saint-Pierre, un atout pour l'entité enclusienne", in: Hainaut-Tourisme, n° 299, déc. 1996, p. 239-246. "Inventaris van de wind- en watermolens in de provincie Oostvlaanderen naar gegevens van het Archief van het Kadaster" - derde aflevering: arrondissementen Oudenaarde en Sint-Niklaas" in: Kultureel Jaarboek voor de provincie Oostvlaanderen, 1962 (tweede band), Gent, Kommissie voor Kulturele Aangelegenheden, 1963, p. G. Bavay, "Inventaire", p. 605. Stéphane Detaille, "Le pittoresque outil d'Amougies ne broyait plus que du noir depuis vingt ans. Le moulin fleure à nouveau la farine...", Le Soir, 12.08.1996. Claude Vandewattyne & André Cotton, "Le pays des collines, un pays, un imaginaire" Herman Holemans, "Aanbrengen van eenpegel aan de watermolen van Amougies", Ons Molenheem (Kinrooi, Studiekring Ons Molenheem), 1996, nr. 3, p. 26-27.
Mailberichten Daniel J.S.M. Peeters, 06.02.2012.
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